NON AUX ESSAIS OGM DE LA VIGNE EN PLEIN CHAMP

Vigne OGM : Les essais de l’Inra fauchés net

Les deux tiers du vignoble seraient menacés par le virus mortel du court-noué.©Naja

Dimanche 15 août, des militants anti-OGM ont fauché à Colmar 70 pieds de vignes génétiquement modifiés cultivés par l’Inra à titre expérimental. C’est la seconde fois que ce champ fait l’objet d’une action des faucheurs d’OGM, le travail de recherche consistant à tester un OGM permettant de lutter contre le court-noué, un virus mortel pour la vigne.

Une victoire de l’obscurantisme pour les uns, une mesure de salubrité publique pour les autres : le débat entre les pro et les anti-OGM se poursuit de manière toujours aussi virulente. Dimanche 15 août à 5 heures, 64 militants venus de toute la France ont détruit à Colmar 70 pieds de vigne OGM cultivés par l’Institut national de la recherche agronomique. La recherche consistait à expérimenter en plein champ des pieds de vigne génétiquement modifiés afin de lutter contre le court-noué, une maladie d’origine virale qui menacerait près des deux tiers du vignoble mondial et cotre laquelle il n’existe aucun traitement efficace à ce jour. Cette expérimentation débutée en 2005 pour 4 ans avait connu un premier coup d’arrêt en octobre 2009 après l’intervention d’un militant anti-OGM qui avait sectionné les portes greffe (pieds de vigne greffés). L’homme avait été condamné à verser un dédommagement symbolique de 1 € à l’Inra, ainsi qu’une amende de 2000 €.

Des recherches publiques stoppées net

Soutenu par le Haut conseil des biotechnologies ainsi que par L’Association française des biotechnologies végétales, l’Institut avait obtenu le 18 mai du ministère de l’agriculture l’autorisation de reprendre ses travaux. Les portes greffe avaient de nouveau été greffés en juin. L’intervention des opposants aux OGM dimanche aura été plus radicale que la première puisque les faucheurs ont cette fois arraché les pieds, empêchant les scientifiques de reprendre leur recherche à moins de tout recommencer à zéro. Jean Masson, le président de l’unité de Colmar de l’Inra s’est montré très abattu. Qualifiant cette action de « débile », il a porté plainte dès dimanche. Tous les faucheurs ont été entendus par la police puis relâchés. L’un d’entre eux, Olivier Florent, a expliqué à la presse que « l’argent public finance les OGM ». « Ces essais s’effectuent en plein champs et nous n’en voulons pas" a-t-il précisé,

Les divergences des organisations agricoles

La Confédération paysanne opposée aux essais OGM en plein champ a demandé l’arrêt des poursuites contre les faucheurs de Colmar. Selon elle, « cet essai ne pouvait en effet donner aucun résultat scientifique valable sur les risques de transmission de l’OGM au raisin et au vin, ni sur son efficacité dans la lutte contre le court noué après la floraison de la vigne ». En revanche, la FNSEA qui a apporté « son soutien aux chercheurs et techniciens de l’Inra », estime que « l’essai saccagé ruine les espoirs des viticulteurs dont les plants sont attaqués par le redoutable virus du court-noué, contre lequel il n’existe pas à ce jour de traitement efficace. Tous les vignobles sont concernés par le dépérissement mortel créé par ce virus ».

La condamnation des ministères

Les ministres concernés, Bruno Le Maire pour l’agriculture, Valérie Pécresse pour la recherche et Jean-Louis Borloo pour l’environnement ont dénoncé dans un communiqué commun un « acte de dégradation scandaleux contre un essai exemplaire qui a su associer (...) scientifiques, organisations professionnelles agricoles, collectivités locales et ONG environnementales". "Ces recherches, menées dans la plus grande transparence, ne représentaient aucun risque, ni pour la sécurité sanitaire, ni environnementale" ont-ils affirmé. Les procès-verbaux des auditions des faucheurs devaient être transmis au Parquet, tous devant être cités à comparaître individuellement.

17 août 2010, Pierre Magnetto Source: Développement durable